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la bataille.

Puis il reprit :

« Garde à vous ! Mettez la main à plat sur la bretelle de votre fusil. — Bien !… Empoignez brusquement votre arme à onze centimètres de la platine, sans tourner l’arme et en l’élevant un peu. »

Mimile et Charlot, par suite de mouvements contraires, s’étaient mutuellement cognés à la tête.

« Bien ! très-bien ! » cria l’instructeur, pendant que les deux enfants se frottaient naïvement le dessus de l’oreille.

Il ajouta brusquement :

« On ne se gratte pas sous les armes, ça nuit à la grâce des mouvements.

— C’est que… répondit Charlot.

— Silence ! On ne parle pas sous les armes. Attention ! Je vais compléter votre instruction militaire.

« Présentez armes ! C’est-à-dire, tournez l’arme avec la main gauche, la platine en dessus ; saisissez en même temps la poignée du fusil avec la main droite et la main gauche, le petit doigt à deux centimètres au-dessus de la platine, le pouce allongé le long du canon, l’avant-bras collé au corps, sans être gêné, la main à la hauteur du coude. — Eh bien ! eh bien ! qu’est-ce que c’est que ça ?… On ne se mouche pas sous les armes, ça nuit à la grâce des mouvements. »

Le chauffeur tint ainsi pendant plus d’une heure les deux enfants gesticulant au hasard, brouillant tout, confondant leur droite avec leur gauche, le bas avec le haut, la crosse avec le canon, la batterie avec la bretelle ; faisant en un mot l’exercice comme des échappés de Charenton.