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un drôle de voyage.

— Maintenant, vois-tu, dit Charlot, flatté du compliment, je comprends qu’il ne faut être difficile en rien.

— Pourvu qu’on s’amuse quand on est arrivé, dit Mimile.

— Et bien sûr on doit s’amuser, repartit Charlot.

— Ohé ! les mousses, vous avez peut-être bientôt fini de bavarder !… À l’ouvrage ! à l’ouvrage !… leur cria le chauffeur.

— Voilà ! voilà ! répondit Mimile.

— On n’a pas seulement le temps de causer un peu, dit tout bas Charlot.

— Que veux-tu ?… Faut gagner sa vie, répondit Mimile, et ce n’est pas avec rien que des récréations qu’on peut y arriver. »

Tous les deux retournèrent à leur poste.

Le patron du bâtiment, qui ne s’était pas montré depuis le matin, parut sur le pont une lorgnette à la main.

« Mille sabords !… s’écria-t-il, après avoir examiné l’horizon de tous côtés, cela ne me parait pas très-rassurant.

— Qu’y a-t-il, patron ? demanda le chauffeur.

— Il y a des hommes là-bas qui ne me paraissent pas animés des meilleures intentions.

— Vous croyez décidément qu’on se donnera des coups avant ce soir ?

— Ou dans la nuit, répondit le patron.

— Va pour les coups, ça nous distraira, répondit le chauffeur.

— C’est que nous ne sommes guère en force, objecta le patron.

— Bah !… les deux petits sont très-décidés.