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une rude journée.

bas s’il n’allait pas être bientôt question de déjeuner.

Quelques instants après, le chauffeur, qui paraissait être à bord pour tout faire, passa dans la cuisine, où on l’entendit remuer des casseroles.

« On va donc enfin s’occuper du déjeuner, » pensa Charlot.

Puis il ajouta mentalement :

« Pourvu que le café ou le chocolat soit aussi bon que chez papa. »

Le repas de la veille ne lui avait donné, on le voit, qu’une idée fort succincte de la nourriture qu’on pouvait espérer dans sa nouvelle condition.

« Allons, les mousses ! venez chercher vos écuelles ! » s’écria tout à coup le chauffeur.

Charlot et Mimile parurent aussitôt sur le seuil de la cuisine.

Le chauffeur, qui les considérait d’un air narquois, leur dit en les voyant paraître :

« Ah ! ah ! nos gaillards, il y a des ordres qu’il ne faut pas vous répéter deux fois, il paraît. »

Et comme Charlot et Mimile, la mine déconfite, regardaient les deux bols de soupe qui leur étaient destinés, il reprit :

« Prenez-moi ça, et ne faites pas la petite bouche, sarpejeu ! on ferait le tour du monde sans rencontrer une soupe à l’oignon aussi délicieuse que celle-là. Une !… deux !… Enlevez la chose. Vous n’avez qu’une demi-heure pour vous délecter… Après cela, au travail jusqu’à midi… À midi, par exemple, vous aurez du rôti, du vrai rôti. »