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un drôle de voyage

Il revint presque en même temps auprès de Charlot, auquel il donna une sandwich et une tablette de chocolat.

« Prends, lui dit-il, croque toujours ça, car rien n’est plus mauvais que de se coucher l’estomac vide.

— Ce que tu fais là est très-gentil, lui dit Charlot, qui n’eût pas osé lui avouer qu’il avait faim.

— Et toi qui ne voulais pas qu’on achetât rien pour la route, qui trouvais cela inutile ! »

Charlot, évidemment dans son tort, se contenta de croquer son chocolat pour toute réponse. Mimile en fit autant de son côté.

Quand ils eurent achevé ce repas plus distingué que substantiel, ils s’accommodèrent de nouveau au milieu de leur paille dans l’intention de s’endormir.

Dès lors, on n’entendit plus que le bruit régulier de l’hélice qui battait les eaux du fleuve.

« Hé ! Mimile, dit Charlot au bout d’un instant.

— Quoi ? demanda son compagnon avec un peu d’impatience.

— C’est que j’ai une puce dans le dos.

— Bah ! ne crois donc pas ça, c’est une idée, une paille qui te chatouille, répliqua Mimile, qui voulait dormir.

— Je te dis qu’elle me pique, je le sens bien.

— Alors, passe-la-moi, je lui tordrai le cou.

— Comme si j’avais une main dans le dos pour la prendre.

— Eh bien, patiente un peu ; elle te laissera tranquille quand elle aura fini de souper.

— Ah ! tu te moques de moi, dit Charlot désolé.