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l’embarquement

Le chauffeur reparut bientôt pour placer un gros fromage au milieu de la table, un pain, des gobelets de fer-blanc, quelques couteaux et un morceau de papier à chaque place. Il y ajouta, comme complément, une cruche de boisson puisée à même la rivière.

« Patron, dit-il, dès qu’il eut fini ces somptueux apprêts, le diner est servi.

— Tant mieux ! car j’ai grand’faim. »

Et le patron s’empara d’un couteau, tailla un gros morceau de pain à chaque convive, donna à chacun sa part de fromage et se mit à table en disant :

« À table, mes enfants ! »

Mimile et Charlot obéirent, en regardant d’un air désappointé le repas qui leur était offert.

Le fromage sentait pas mal fort et le pain était de l’avant-veille.

« Mangez, mes enfants, il ne s’agit point de faire la fine bouche, » continua le patron.

Mimile et Charlot, qui craignaient de l’indisposer contre eux, se mirent à manger du bout des dents.

« Bon fromage, disait le chauffeur.

— Excellent ! disait le patron en lorgnant les enfants du coin de l’œil.

— J’aurais été bien heureux d’en trouver un pareil en Amérique, reprit le chauffeur… Vous vous souvenez, patron, de cette fois où nous sommes restés trois jours sans trouver autre chose qu’un lézard, que nous avons coupé en deux pour en manger chacun la moitié. Je me rappelle que j’ai eu le côté de la tête, ce qui n’était pas le plus avantageux.