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un drôle de voyage

cousins, débarrassés de leur attirail de voyageurs, étaient en fonction, c’est-à-dire que Charlot lavait la vaisselle et que Mimile tenait un chiffon de laine à la main et frottait l’intérieur du navire avec acharnement.

Le moins amusé était le premier des deux, qui ne savait pas plus manœuvrer sa vaisselle que le linge dont il se servait pour l’essuyer.

Enfin, comme les assiettes lui échappaient facilement des mains et qu’il avait déjà failli en casser plusieurs, il s’était décidé à s’asseoir et à les appuyer sur ses genoux.

Le moyen n’était pas mal imaginé ; par malheur, le matelot qui était son chef immédiat lui ordonna de se mettre sur ses pieds, en lui faisant observer assez vertement qu’un pareil travail s’était toujours fait debout, et qu’il faut être bien paresseux pour avoir l’idée d’y procéder différemment.

Charlot était devenu rouge comme une pivoine à cette sévère apostrophe ; mais il s’était remis sur ses pieds sans souffler mot.

La vaisselle essuyée, le matelot alla chercher les bottes du capitaine et les fit cirer sous ses yeux par le nouveau mousse.

Charlot, en sa qualité de fils de famille, n’était pas plus habile à ce travail qu’au premier, ce qui lui valut d’être rabroué une seconde fois, et plus énergiquement que la première, par le matelot.

Tant bien que mal, les bottes se trouvèrent cirées.

« J’espère que ça reluira mieux que ça la prochaine fois, dit le matelot d’une voix rude. Tu sauras, méchant