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le départ

— À la troisième, on vous attache un boulet au pied et l’on vous jette à la mer ; c’est autant de gagné pour les requins qui suivent le bâtiment. »

Mimile regarda Charlot en faisant une grimace très-significative.

« Ça vous fait réfléchir, mes petits messieurs ?

— Être jeté aux requins, ce n’est pas gai, fit observer Mimile.

— Oui, mais si l’on fait bien son devoir ? demanda Charlot.

— Oh ! alors, vous serez traités comme des princes. Vous aurez du bœuf salé, de la morue et des haricots cuits au naturel à tous les repas. »

Mimile fit une nouvelle grimace pendant que Charlot se hâta de répondre :

« Mimile et moi nous ne sommes pas gourmands.

— C’est décidé, alors, à la condition que vous entrerez immédiatement en fonction, afin de montrer ce que vous savez faire. »

Le capitaine siffla après avoir prononcé ces paroles, et le matelot qui avait introduit nos voyageurs parut sur le seuil.

« À partir d’aujourd’hui, ces gaillards-là font partie de l’équipage en qualité de mousses ; je compte sur toi pour les mettre au courant de leur besogne ordinaire, et à la raison si c’est nécessaire. »

Le matelot cligna de l’œil, s’inclina, se retourna, et poussa Charlot et Mimile devant lui, sans beaucoup de cérémonie.

Dix minutes ne s’étaient pas écoulées, que les deux