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un drôle de voyage

— Ce sera trois mille francs pour vous deux, nourriture et bagages compris.

Mimile regarda Charlot d’un air consterné.

— Trois mille francs ! répéta Charlot.

— Vous n’avez pas d’argent, je vois ça, reprit le capitaine.

— Nous n’avions pas cru, monsieur le capitaine, que ce fût aussi cher, dit Mimile.

— Voyons, il y a peut-être moyen de s’arranger… Ce ne sera rien du tout, si vous voulez me servir en qualité de mousses pendant le voyage.

— Nous voulons bien, monsieur le capitaine, dit vivement le gros Charlot, qui ne se rendait pas compte de l’engagement qu’il allait prendre.

— Qu’est-ce que nous aurons à faire ? demanda Mimile.

— Oh ! presque rien, dit gravement le capitaine ; vous n’aurez qu’à frotter le navire du haut en bas pour le faire reluire comme une glace, battre les habits des passagers, laver la vaisselle, et enfin remettre tout en place après les repas.

— Ce n’est pas bien difficile, dit Charlot.

— Pas le moins du monde, ajouta Mimile.

— Maintenant, vous connaissez la discipline du bord ?

— Non, monsieur, répondit Charlot.

— Oh ! elle est très-douce. À la première faute, vous recevrez vingt coups de garcette, — et il montra aux enfants un martinet de cordes dont chacune se terminait par un nœud ; — cinquante à la seconde…

— Et à la troisième ? demanda Charlot avec une vague inquiétude.