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UN DRÔLE DE VOYAGE

la main, et tu vas être tout à l’heure encore plus content.

— Plus content ? dit Charlot, plus content ! Alors c’est que maman aussi et ma sœur…

— Oui, lui dit son père en lui faisant tourner une allée, oui ; ne vois-tu rien, là-bas ? »

Mais Charlot ne s’était pas contenté de regarder, il avait couru, il s’était élancé vers un banc où deux dames étaient assises, et devant lequel, debout, dans l’attitude de l’attente, se trouvaient deux petites filles qu’il avait été bien difficile d’empêcher de courir au-devant de leurs deux frères.

Ai-je besoin de le dire ?

On s’embrassa beaucoup ce jour-là dans ce petit coin de l’Amérique. Ce fut même une scène si touchante que de douces larmes coulaient des yeux de tous les acteurs. Dès que l’émotion fut un peu apaisée, on vit venir, au trot de deux bons chevaux, une jolie voiture américaine qui s’arrêta à quelques pas du banc où les deux heureuses familles étaient réunies.

Chose étrange, ces chevaux-là allaient si vite, qu’après avoir traversé toute la forêt et puis des champs, et même un village, et tout cela en moins d’une heure, Charlot s’aperçut qu’on était déjà rentré en France. On était dans une ville, et son papa lui apprit que cette ville s’appelait Fontainebleau.

La voiture s’arrêta devant une jolie porte cochère, très-bien sculptée, et entra dans une belle cour.

Là, on descendit, et Charlot fut reçu par Rosalie qu’il embrassa de tout son cœur. Les enfants apprirent alors que leurs pères avaient acheté cette jolie maison de cam-