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UN DRÔLE DE VOYAGE

rions mieux mourir que de recommencer à faire du chagrin à nos parents, et à nos amis, car nous en avons bien eu, allez ! du chagrin, et moi j’en ai encore. »

Charlot était à la lettre noyé dans ses propres larmes. Mimile le prit dans ses bras, il lui essuya les yeux avec son mouchoir, il le moucha même et très-doucement, il l’embrassa aussi beaucoup, comme un bon petit papa eût pu le faire.

En vérité, c’était un bon garçon que ce Mimile, bien qu’il fût un peu moqueur. Mais vous avez bien vu que, dans les moments où il faut du cœur, il ne pensait jamais à se moquer.

Le général n’avait pas encore adressé la parole à Giboulot.

« Monsieur Giboulot, lui dit-il, qu’avez-vous à nous dire, vous ? Étant plus grand, vous êtes plus coupable.

— Moi, général, lui répondit Giboulot, je n’ai quitté ni père, ni mère, pour courir après les aventures ; je n’ai quitté que mes oies et je ne puis avoir les regrets de ces jeunes messieurs pour ce que j’ai perdu. Je me bornerai donc à vous demander si vous ne pourriez pas me faire une place dans votre régiment ?

— Il est très-brave ! s’écria le bon Charlot. Prenez-le, monsieur le général.

— La cause est entendue, dit le général. Il ne s’agit plus pour le moment que de vous tirer de votre observatoire. Nous aviserons après pour le surplus. »

Au grand étonnement de Mimile, de Charlot et même de Giboulot, le grand arbre avait été à peine touché par l’incendie ; ses feuilles étaient roussies, mais les grosses