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UN DRÔLE DE VOYAGE

Charlot tremblait comme une feuille ; il était comme fasciné par la vue de quelque chose de terrible.

« Là, là, disait-il en montrant du doigt un gros serpent et quelque chose de vert à côté qui ne peut être qu’un crocodile.

— Ma foi, dit Giboulot, si. ce n’est qu’une couleuvre, elle est d’une fameuse taille, et si c’est un serpent, il est déjà assez gros pour qu’on ne lui fasse pas de grâce ; il mérite bien l’étrenne de ce bâton. »

Le serpent, frappé d’un coup sur la tête, se tordait déjà sur le sol. De la pointe de son bâton, Giboulot le souleva et le jeta par-dessus le parapet des rochers.

Quant au crocodile, qui n’était autre qu’un beau lézard vert, il avait, au grand chagrin de Mimile, déjà disparu dans quelque fente de rocher.

« C’était un boa, ou peut-être même un serpent à sonnettes, disait Charlot. Ah ! comme je n’aime pas ces bêtes-là ! »

Le pauvre petit était encore tout frémissant.

« En France, ajouta-t-il d’une voix plaintive, il n’y a pas de tout ça. »

Mais nos trois voyageurs avaient mieux à faire que d’épiloguer sur ce petit incident. Des clameurs, des hurlements terribles leur annoncèrent que la rencontre des Nez-Rouges et des Vilains-Museaux venait d’avoir lieu. Le choc fut formidable. Les coups pleuvaient comme grêle d’une armée à l’autre. La mêlée devint bientôt effrayante. Quelquefois on croyait que les Nez-Rouges étaient victorieux ; les Vilains-Museaux étaient tous morts et gisaient inanimés, en apparence du moins,