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les vilains-museaux.

Cependant les deux troupes armées s’avançaient toujours, et il était évident qu’arrivées au carrefour, la rencontre serait inévitable.

« Si je ne me trompe, dit Mimile, l’une de ces troupes serait l’armée des Nez-Rouges, et à en juger par la mine de l’autre troupe, je parierais que c’est l’armée des Vilains-Museaux. Dieu veuille que ce grand carrefour soit pour les deux armées un champ de bataille où ils puissent s’exterminer us qu’au dernier !

— Oui ! oui ! dit Charlot, s’il n’y en avait plus du tout, pas même un seul ni d’un côté ni de l’autre, je serais bien plus content. »

Après ce souhait charitable, l’idée vint à Giboulot qu’il serait bien agréable de pouvoir tout voir sans risque, d’assister incognito aux péripéties de la bataille qui allait très-vraisemblablement se livrer.

Après avoir sondé du regard tous les fourrés, il lui sembla distinguer la cime d’un haut rocher dont la base était cachée dans l’épaisseur du bois.

« Ce serait là, se dit-il, en prenant quelques précautions, un fameux observatoire ! »

Il fit part de son idée à ses deux compagnons ; elle sourit beaucoup à Charlot, parce qu’elle l’éloignait pour le moment du lieu où allaient se donner les coups.

Après examen, il se trouva que le lieu qu’avait eu en vue Giboulot était admirablement disposé pour l’usage auquel il voulait le faire servir. Il se composait d’un amas de roches toutes à pie, qui formaient une espèce de fortin quadrangulaire, tout à fait indépendant et couronné par un plateau qui pouvait bien avoir dix mètres de surface.