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UN DRÔLE DE VOYAGE

— Ils se promènent peut-être tout bonnement, dit Mimile, la canne à la main.

— Si nous grimpions dans un arbre ? dit Charlot.

— Dans un arbre, répondit Mimile, ils seraient au haut avant que nous ayons atteint la première branche. Rappelle-toi donc le palais des singes du Jardin des Plantes, Charlot. En voilà qui sont forts sur la gymnastique et qui s’entendent aux exercices du corps !

— Je voudrais être à cent pieds sous terre, dit Giboulot.

— Tu n’es pas dégoûté, dit Mimile ; ce serait bien ce qui pourrait nous arriver de plus heureux.

— Si nous retournions dans le souterrain ? s’écria Charlot.

— Il est trop tard ! et ce serait inutile, répondit Giboulot. D’ailleurs, il me paraît que les cris des orangs étaient plutôt des cris d’appel que des cris de combat. On dirait qu’ils tiennent conseil. Si je ne me trompe, ces six orangs-outangs jouent en ce moment le rôle que jouent les quatre ou cinq cavaliers que les Allemands, dans leurs guerres, envoient en reconnaissance.

— Vous voulez dire des uhlans ? dit Mimile.

— Précisément, répondit Giboulot. J’aperçois deux troupes qui viennent chacune de son côté, sans pouvoir se douter que l’autre est en marche. Mais ce que je ne m’explique pas, c’est que les orangs-outangs, au lieu de faire des signes à l’une de ces troupes, ont l’air d’appeler dans une autre direction, comme si une troisième troupe était attendue par eux. »

Tout à coup les six singes battirent en retraite et disparurent.