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fuite dans les bois.

« C’est pourtant étonnant, disait-il, on dirait de la ficelle naturelle.

Pas si étonnant, lui dit gravement Giboulot, puisque la première enveloppe, ligneuse et filandreuse, se compose de fils, dont les sauvages font de la ficelle superbe qui sert à fabriquer des hamacs et même des câbles.

— C’est vrai, dit Charlot en passant à Mimile sa ficelle.

— C’est vrai, » répéta Mimile, qui se retourna pour faire semblant d’éternuer, mais qui, dans le fait, avait surtout envie de rire.

Giboulot était allé chercher deux gros cailloux, car enfin, il ne pouvait suffire à Charlot d’admirer sa noix de coco ; il fallait la manger, et, pour la manger, la casser. C’était dommage, sans doute, mais nécessaire. L’opération réussit à merveille ; l’amande, la grosse amande apparut aux yeux ravis de Charlot.

Mais c’est ici que la déconvenue commença : le fruit sans doute était trop mûr ; toujours est-il que Charlot fut obligé de convenir que, selon le mot de Mimile, cette amande rappelait beaucoup le navet, avec cette différence que c’était un peu sucré.

Non, non, décidément, ce n’était pas très-bon.

« Ouvre la bouche et ferme les yeux, dit Mimile à Charlot, je ne te ferai pas d’attrape ; je veux te faire goûter quelque chose qui te semblera meilleur, je pense. »

Charlot avait toute confiance dans son cousin. Il ferma les yeux et en même temps ouvrit la bouche ; Mimile y introduisit un morceau de quelque chose qu’il avait tenu