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fuite dans les bois.

des orties, des ronces et autres plantes à pointes aiguës, lesquelles abondent dans toutes les forêts vierges.

« À la bonne heure ! ça va tout seul maintenant, » disait Mimile en piétinant à travers les rudes broussailles. Charlot, très-satisfait aussi, l’imitait dans tous ses mouvements.

Ils arrivèrent bientôt, Giboulot en tête, devant un arbre énorme, qu’on eût pris pour un chêne, s’il n’avait pas porté les fruits les plus extraordinaires, tels que des ananas, des noix de coco, des grenades, des pommes, des poires, des oranges et jusqu’à des bananes.

Charlot était tombé en extase.

« Enfin ! voilà donc les beaux fruits dont m’a parlé Harrisson ! dit-il. Nous voilà payés de toutes nos peines.

— Seulement il ne t’avait pas prévenu, je crois, qu’ils poussaient tous à la fois sur le même arbre ; il a voulu encore t’en laisser la surprise.

— C’est bien drôle ! dit Giboulot il faut croire qu’on aura greffé chaque espèce sur une branche différente, mais je n’avais jamais vu ça. Quoi qu’il en soit, voilà une bien belle occasion de nous refaire l’estomac, car je commence à avoir une furieuse faim.

— Et moi donc ! dit Charlot, dont les émotions violentes avaient un moment endormi l’appétit.

— J’en suis, ajouta gaiement Mimile.

— Attendez ; c’est moi qui vais grimper et faire la récolte, reprit Giboulot. Cet arbre est trop haut pour vous.

— Ah ! dit Charlot, j’aurais pourtant bien voulu cueillir une orange et une pomme.