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UN DRÔLE DE VOYAGE

taine fut intraitable, et, chose qui étonna beaucoup Charlot, Giboulot donnait raison à son refus.

« Les premiers partis seront les premiers exposés, » disait-il.

Le capitaine, qui s’était déjà remis à quatre pattes pour prendre congé par son trou, se redressa tout à coup pour faire une dernière recommandation à ses compagnons de captivité.

« Nous allons, dit-il, filer par la droite ; n’oubliez pas de filer par la gauche, dans le cas où nous ne reviendrions pas. Si nous ne reparaissons pas avant ce soir, c’est qu’il nous sera arrivé malheur et qu’en prenant par la droite nous serons tombés dans une embuscade. Dans ce cas-là, au lieu de fuir à votre tour par le trou qui va nous servir et qui sera dès lors surveillé, vous feriez mieux de chercher une autre issue par une autre partie du bâtiment et dans une direction toute différente. »

C’était prudent ; mais Charlot avait un si vif désir d’échapper aux sauvages, qu’il essaya de nouveau de fléchir le capitaine. Peine perdue ; celui-ci fit un signe au chauffeur, et tous les deux disparurent sans laisser au pauvre Charlot le temps d’exposer toutes ses raisons.

Giboulot pensait toujours à tout. Il se hâta de masquer le trou fait au mur :

« Il faut tout faire, disait-il, pour éviter d’attirer sur ce point l’attention des Nez-Rouges. »

Mimile et Charlot trouvaient détestable un plan de campagne qui avait pour effet de prolonger leur captivité.