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UN DRÔLE DE VOYAGE

Ce double obstacle était vivant.

« Sauvages ! Affreux Nez-Rouges ! s’écria une grosse voix, ne sauriez-vous regarder où vous posez vos vilaines pattes de singes ?

— Nous ne sommes pas des sauvages, nous sommes de malheureux blancs qu’on a jetés en prison jusqu’à ce qu’on les mange, répondit Giboulot, qui s’était plus vite relevé que Mimile.

— Alors vous êtes juste dans la même situation que nous, dit une autre voix.

— Il me semble reconnaître les voix du capitaine et du chauffeur qui nous ont amenés, Charlot et moi ? » dit tout bas Mimile.

Mimile avait parlé plus haut qu’il ne croyait.

« Vous ne vous trompez parbleu pas, c’est bien nous, répondit le capitaine ; les bandits nous ont pris notre bateau. »

Mimile raconta alors au capitaine ce qui lui était arrivé, ainsi qu’à Charlot, depuis leur séparation.

« Ah ! c’est donc maître Charlot que nous entendions gémir tout à l’heure ? demanda le capitaine.

— Lui-même, capitaine.

— Le pauvre garçon ! Il paraît que ça l’ennuie fort d’être mangé par les Nez-Rouges ; et cependant il ne l’aura pas volé, car c’est pour lui complaire que nous sommes tous venus dans cet abominable pays. Mais où donc est-il ?

— Je suis là, capitaine, répondit Charlot d’une voix lamentable, j’entends tout.

— Ah ! tu es là, mon petit mousse. Eh bien, mon bon-