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UN DRÔLE DE VOYAGE

là auront soin de s’élancer dans le puits. Celui qui ne s’y jettera pas de bonne volonté n’y perdra rien ; on l’y jettera de force. Que le grand sachem les protège !… Je commence : Un… deux… trois… »

Mimile, Charlot et Giboulot restèrent immobiles.

À cette vue, le grand chef s’écria avec rage :

« À vous, Nez-Rouges !… Assommez-les à coups de massue ; enfoncez-leur des poignards dans les reins. Nous verrons bien s’ils se décideront à sauter dans le gouffre. »

En entendant ces terribles menaces, Giboulot n’hésita plus. À tant faire que mourir, mieux valait mourir bravement. Il se plaça entre Mimile et Charlot, et les prenant chacun par un bras :

« Sautons ! » dit-il.

Moitié de gré, moitié enlevés par les bras robustes de Giboulot, les trois néophytes s’étaient décidés à faire le saut périlleux.

Tous les trois tombèrent sur le nez en plein gazon.

Un rire, bruyant comme une fanfare, salua cette chute peu dangereuse.

Après les avoir placés devant le gouffre pour éprouver leur courage, on leur avait, en leur bandant les yeux et sans qu’ils pussent s’en rendre compte, fait faire un demi-tour sur eux-mêmes. Ils n’avaient sauté que sur le sol. Nous vous laissons à penser si nos petits amis furent ravis de l’heureuse issue de cette plaisanterie.

« C’est égal, c’est pas une bonne farce, pensait Charlot, et je suis bien content qu’elle soit finie. »

Malheureusement, ce n’était pas tout, car le grand