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un drôle de voyage

— Pourquoi faire, de l’argent ? demanda Charlot. On a tout pour rien en Amérique.

— Tiens, pour acheter n’importe quoi, ne fût-ce que des poupées sauvages à nos petites sœurs ; ça se paye, ces choses-là, ça ne se trouve pas sur les arbres.

— Quand on va dans le pays où l’on n’a qu’à faire un trou pour en tirer de l’or et de l’argent, il est bien inutile d’en charger ses poches en partant.

— C’est égal, j’emporte mon argent… j’aime mieux ça.

— Voilà une idée ! dit Charlot.

— Et si en route nous avons besoin d’acheter un sucre d’orge, un petit pain, ou de monter en omnibus ?… » répliqua Mimile, qui était décidément un garçon prévoyant.

Charlot haussa les épaules.

« Tu sais bien que papa a dit qu’il fallait beaucoup d’argent pour voyager, reprit Mimile.

— Eh bien, prends ton argent avec le mien, et tu le jetteras s’il t’embarrasse. »

Mimile répondit par un signe de tête affirmatif, brisa les deux tirelires et fit le compte de l’argent qu’elles contenaient. Il y avait cent cinq francs dans chacune, en tout deux cent dix francs.

Cette somme importante, tout en or, provenait de leurs étrennes accumulées depuis trois ans et des libéralités qu’on leur faisait à certains jours de fête, et aussi quand ils avaient de bonnes places et de bonnes notes, ce qui arrivait quelquefois.

Mimile entassa son trésor dans son porte-monnaie, qu’il serra dans la poche intérieure de sa veste.