Page:Fath — Un drôle de voyage, 1878.pdf/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.
228
UN DRÔLE DE VOYAGE

Le grand chef prit alors la parole :

« Vaillants Nez-Rouges, dit-il, les trois jeunes garçons qui sont devant vous sont les neveux du Vieux-Chacal, et ils demandent à faire partie de la tribu des Nez-Rouges, c’est-à-dire à vivre et à mourir au milieu de vous. Voulez-les considérer vous leur accorder ce grand honneur et les considérer comme vos frères ?

— Nous le voulons ! » crièrent les assistants avec une telle furie, que les six chiens bleus, qui crurent sans doute à l’apparition des Vilains-Museaux, se dressèrent sur leurs pattes et commencèrent un ensemble d’aboiements furibonds. Pour mettre le comble au vacarme, les ânes verts leur firent chorus avec une énergie qui témoignait de leur mécontentement d’avoir été expulsés de l’assemblée à un moment si intéressant.

Le silence se rétablit enfin, et le grand chef poursuivit :

« Vous allez donc vous avancer un à un pour donner aux nouveaux l’accolade fraternelle ; nous passerons ensuite aux épreuves.

— Oui ! oui ! l’accolade et ensuite les épreuves ! » hurla la foule comme un seul sauvage.

Alors commença le défilé.

Chaque assistant, retirant son faux nez, vint tour à tour embrasser nos petits amis avec un empressement, une énergie qui témoignaient de leurs bons sentiments pour eux. Deux vieilles sauvagesses surtout s’étaient tellement acharnées dans leurs caresses en les serrant dans leurs bras, que grand chef s’écria :

« Assez, les commères ! cela suffit.