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la tribu des nez-rouges.

— Comme cela, nous serons en règle, quoi qu’il arrive, ce qui est toujours sage, fit observer Mimile.

— Ah ! diable, dit Giboulot, j’allais oublier l’os bleu du grand chef. »

Ce fut ainsi que nos trois amis quittèrent la cabane du Vieux-Chacal.

La tribu des Nez-Rouges, formée d’une cinquantaine d’individus logés dans de misérables huttes, n’accusait pas une civilisation bien avancée. Des femmes, les cheveux flottant sur le dos, comme c’est la mode même à Paris, vaquaient aux soins du ménage sur le devant de leurs portes, au milieu de petits garnements noirâtres, mouchetés de rouge et de jaune, qui se roulaient dans la poussière en se jetant des cailloux à la tête. Plus loin, ils rencontrèrent un groupe d’hommes couverts de peaux d’animaux et qui se battaient entre eux en poussant de grands cris.

« Il n’y a pas moyen de les retenir, depuis qu’ils ont mangé du cœur de lion aux pommes de terre, » dit une vieille sauvagesse en haussant les épaules.

Charlot, tout effrayé d’un pareil spectacle, entraînait ses compagnons en leur disant tout bas :

« Allons-nous-en ; je suis dégoûté de voir ça.

— Allons-nous-en, répéta Giboulot, mais n’ayons pas l’air de nous sauver ; ça pourrait les mettre en colère contre nous. »

Ils défilaient ainsi la tête un peu basse, quand ils rencontrèrent tout à coup un petit hangar sur lequel était écrit en très-grosses lettres :

hôtel de ville de la tribu des nez-rouges.