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la tribu des nez-rouges.

nous, devaient se présenter à l’hôtel de ville et s’y faire inscrire comme citoyens combattants de la tribu des Nez-Rouges ?

— Il l’a oublié, très-illustre chef, répondit Giboulot en s’inclinant très-bas, ainsi que Mimile et Charlot.

— C’est un tort, car il vous exposait à être rôtis comme espions. Allez donc vous présenter à l’hôtel de ville tous les trois en disant que vous êtes les neveux du Vieux-Chacal. Vous ajouterez que vous êtes déjà agréés par moi comme Nez-Rouges.

— Et si l’on refusait, très-illustre chef, de nous croire sur parole ?

— Eh bien, vous remettriez ceci comme lettre de créance. » Le grand chef, en disant cela, présentait à Giboulot le gros os bleu qui lui pendait sur le ventre.

« C’est la patte d’un lion gigantesque que j’ai étranglé l’année dernière, ajouta-t-il.

— Merci, très-illustre chef, dit Giboulot, qui ajouta : Et cet os, devrai-je le garder ?

— Garder mon os ! s’écria le grand chef en rugissant et en brandissant sa massue. Mon os bleu ! le signe de mon commandement ! le garder !…

— Le garder pour vous le remettre respectueusement, très-illustre grand chef, répondit vivement Giboulot.

— À la bonne heure ! reprit le grand chef en se calmant. Eh bien, non, tu ne le garderas pas ; tu le laisseras à la mairie, où j’irai le reprendre. »

Le grand chef partit comme il était venu, escorté par son abominable musique et laissant nos petits aventuriers dans une perplexité bien concevable.