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UN DRÔLE DE VOYAGE

de sièges qui frappèrent le plus l’imagination de Charlot ; il n’aurait jamais pensé qu’il y eût quelque part de semblables escabeaux.

Cette inspection terminée, Giboulot procéda au travestissement des deux cousins.

Une bonne demi-heure s’écoula avant que Mimile et Charlot ressemblassent parfaitement aux habitants de l’Amérique du Sud, tribu des Nez-Rouges.

Quand l’opération fut terminée, c’est-à-dire lorsqu’ils furent coiffés de plumes, couverts de peaux de bêtes, chaussés de mocassins assez semblables — par parenthèse — à des espadrilles ; qu’ils furent teints en noir, tatoués de jaune et de rouge dans toutes les parties de leur corps qui étaient visibles, Giboulot leur donna à chacun une petite massue pour ajouter à la couleur locale.

Le ravissement de Charlot eut été complet si Giboulot ne l’avait contraint, ainsi que Mimile, à laisser son couteau de cuisine de fabrique européenne. Il ne fallait pas, disait-il, que rien pût trahir leur origine.

Giboulot lui fit comprendre, d’ailleurs, que la massue pouvait remplacer toutes les autres armes dans un combat. Au lieu de piquer son ennemi, on l’assommait ; le résultat était le même ; ce dernier système avait, en outre, l’avantage sur les autres d’être moins salissant.

Mimile et Charlot se passaient tour à tour leur petit miroir pour se rendre compte des agréments de leurs nouveaux costumes ; par malheur, ce miroir de poche ne leur permettait point de se voir de pied en cap.

« Ne vous occupez pas de cela, leur dit Giboulot ; je vais l’inspecter, moi, votre ensemble, et faire au besoin