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transformation de giboulot.

— Je voudrais voir ça, dit Mimile.

— Pas moi, ça me ferait de la peine, dit Charlot, pour les pauvres moutons…

— C’est leur sort d’être mangés, dit Giboulot, et ça dans tous les lieux du monde ; il faut croire qu’ils s’y font. Mais nous nous oublions à bavarder ici, sans songer que nous sommes en Amérique, une contrée où il faut veiller sur sa propre peau du matin au soir.

— Pourquoi ? demanda Charlot.

— Vous êtes encore bon là, répliqua Giboulot ; est-ce que vous n’avez pas vu, par mon histoire avec le sauvage, qu’on ne se gênait pas pour manger les blancs dans ce diable de pays ?

— Tous les blancs ? demanda Charlot redevenu subitement inquiet.

— Mais alors, que faire ? ajouta Mimile.

— Me suivre en rampant dans les herbes, pour éviter d’être aperçus, jusqu’à la hutte du sauvage que j’ai tué. Vous comprenez : quelques-uns de ses affreux camarades pourraient avoir eu l’idée de lui faire visite, ce qui nous gênerait beaucoup. Il ne faudrait pas risquer de nous faire prendre au piège à notre tour. Enfin, si la place est encore libre, comme je l’espère, nous y ferons bien vite tous les arrangements nécessaires à notre sûreté. Il restait pas mal de cirage dans le pot ; j’ai vu du rouge et du jaune à côté. Cela nous sera très-utile. La question ici, c’est de ne pas être blanc.

— Et aussitôt après nous irons à la chasse aux lions, n’est-ce pas, Giboulot ? s’écria Mimile.

— Nous irons où nous pourrons, car il m’est avis que