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transformation de giboulot.

aperçus, ce qui est très-important, ainsi que vous le verrez tout à l’heure. »

On exécuta le mouvement, de manière à se trouver tête à tête.

« Parle à présent, dit Charlot, avide de savoir pourquoi Giboulot se trouvait si complétement transformé.

— Mes enfants, commença par dire Giboulot, nous voilà décidément en Amérique ; mais il paraît que c’est un pays d’affreux sauvages à nez rouges qui vivent de pair à compagnon avec les bêtes féroces et qui mangent leurs ennemis absolument comme nous mangeons des gigots de mouton.

— Par exemple, c’est très-mal !… et Harrisson ne m’avait pas dit ça ! s’écria Charlot. »

Giboulot poursuivit :

« Eux, ils élèvent les lions comme on élève des agneaux dans mon pays, et quand ils sont suffisamment grands, ils les attirent dans un coin avec des pâtisseries ou des confitures, une friandise quelconque, et ils les tuent par derrière, en cachette, pour leur enlever la peau qu’ils vont vendre au marché. De cette façon, les autres lions ne savent rien de l’avenir qu’on leur réserve, et vont leur petit bonhomme de chemin en attendant leur tour. Ils se disent seulement : « Tiens, un tel n’est pas revenu ; il est sans doute allé se promener dans les bois. »

— C’est étonnant un pays comme ça, dit Mimile.

— Méchant Harrisson ! dit Charlot.

— Ce qui est encore très-divertissant, reprit Giboulot, c’est qu’ils parlent le français tout aussi bien que le sauvage.