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UN DRÔLE DE VOYAGE

faut toujours se défendre ; on risque moins à l’essayer qu’à se livrer ; ça donne le temps aux autres d’arriver à votre secours. Je sais bien que tu es parti pour combattre des lions, et que tu n’étais pas du tout préparé à lutter contre des chiens ; mais, en voyage, tu le vois, il faut s’habituer à combattre les bêtes les plus différentes. »

Après cette apostrophe, Mimile, qui avait un excellent cœur, ne put s’empêcher d’embrasser Charlot pour le féliciter d’en être quitte à si bon compte.

« Sois tranquille, répondit Charlot, à l’avenir je me tiendrai sur mes gardes et je taperai sur tout ce qui se présentera pour m’attaquer.

— À la bonne heure ! » s’écria Mimile.

Giboulot avait assisté à cette dernière scène d’un air assez distrait, plongeant tour à tour son regard dans toutes les directions.

Mais ils n’avaient pas le droit de perdre du temps en longs discours, et ils reprirent leur course, laissant le chien hurler tout à son aise.

Ils s’arrêtèrent au bout d’une heure au milieu de vastes champs parsemés de bouquets d’arbres. Leur dernier repas étant déjà fort loin, sur la proposition de Mimile ils s’assirent, autant pour se reposer que pour tâter un peu de leurs provisions, lesquelles malheureusement commençaient à s’épuiser.

Giboulot, après s’être restauré pendant un quart d’heure en compagnie de Mimile et de Charlot, s’était éloigné sous le prétexte d’aller en éclaireur.

« Attendez-moi, avait-il dit, je reviendrai dès que je me serai assuré de la route que nous devons suivre.