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le camp de mange-tout-cru.

Il était si terrifié en se trouvant seul devant un pareil danger, que l’idée de se défendre ne lui était même pas venue. Son fameux couteau n’était pas sorti de sa gaîne ; quant à son bâton de voyage, il avait eu le tort de s’en débarrasser en le lançant de l’autre côté du mur avant de tenter son escalade.

Tout cela s’était passé en quelques secondes.

« Charlot ! Charlot ! criait de l’autre côté du mur Mimile désespéré. Giboulot, je ne veux pas abandonner mon cousin. Allons à son secours ! »

En quelques secondes, les têtes de Mimile et de Giboulot reparurent sur l’arête de la muraille.

Ils s’arrêtèrent stupéfaits, mais rassurés. Le terrible dogue, qu’ils pensaient voir aux prises avec Charlot, hurlait lamentablement, à six pas de lui, le corps à demi enfoncé en terre.

Comme on n’y voyait pas encore très-clair, surtout dans cet endroit ombragé, ils furent quelques instants avant de se rendre compte de ce qui avait si subitement réduit à l’impuissance le terrible molosse.

C’était bien simple.

Au moment d’atteindre Charlot plus mort que vif, l’animal s’était pris les deux pattes de devant dans un piège à loup. Grâce à cet incident, presque miraculeux, tant il était arrivé à point, Charlot était sauvé ; mais il avait tellement perdu la tête, qu’il ne s’aperçut de sa chance que lorsque Mimile et Giboulot lui eurent crié plusieurs fois :

« Grimpe donc, Charlot ! le chien est pris par les pattes, et il ne peut te faire aucun mal. »