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le camp de mange-tout-cru.

La flamme gagna immédiatement les petites branches et ne tarda pas à s’enrouler autour des plus grosses.

« Le tour est fait ! » s’écria Giboulot.

Puis il ajouta, gaiement :

« Vite ! à quatre pattes, et allons prendre l’air un peu plus loin. »

Ils s’éloignèrent comme autant de lièvres ou de lapins effarouchés.

Après quelques minutes de ce fatigant exercice, Giboulot s’arrêta derrière un monticule boisé qui dominait cette partie de la forêt.

Mimile et Charlot l’imitèrent.

La pyramide de branchage, qui pendant ce temps s’était complètement embrasée, projetait une immense lueur sur les environs.

« Ça marche, ça marche, dit Giboulot en se frottant les mains.

— Le beau feu ! s’écria Mimile.

— Moi, je trouve ça effrayant, » dit Charlot.

De grands cris s’élevèrent à distance.

« Voilà que ça commence, dit Giboulot, ça va être très-amusant tout à l’heure ; attendez un peu. »

Mimile et Charlot se regardaient sans rien deviner des projets de leur compagnon. Une rumeur confuse, à laquelle se mêlaient de lugubres aboiements, se rapprochait de plus en plus.

« Les voilà qui arrivent !…

— Qui ? demanda Charlot.

— Les bandits de Mange-tout-cru, parbleu !… Ils croient que la forêt brûle, et ils quittent leur poste pour