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le camp de mange-tout-cru.

— Deux ou trois mois ! murmura Charlot effrayé de la perspective.

— Un peu plus, un peu moins, ça dépend des dispositions, » répliqua Giboulot.

Il ajouta aussitôt :

« Avec tout ça, il ne faut pas s’endormir, maintenant qu’un coup de fusil a donné l’alarme aux hommes de Mange-tout-cru.

— Et à leurs chiens, dit Charlot.

— Oh ! leurs chiens sont toujours sur les gardes, et si nous ne marchions pas contre le vent…

— Qui vive ? Répondez, ou sinon, gare les coups de fusil !… cria la même voix.

— À plat-ventre !… » dit tout bas Giboulot.

Cet ordre fut immédiatement exécuté. Il ne pouvait l’être avec plus d’à-propos, car, à l’instant même, un nouveau coup de feu retentit au-dessus de leurs têtes.

Inutile de dire que Charlot eut bien plus peur encore que la première fois.

« En voilà des imbéciles qui tirent sans voir clair ! fit observer Mimile.

— Faudrait pas s’y fier, » répondit Giboulot.

Et il reprit sa course en entraînant ses deux petits compagnons.

Peu d’instants leur suffirent pour dépasser les hautes futaies ; ils se trouvèrent alors au milieu d’un large espace recouvert d’arbres récemment abattus.

L’orage avait balayé le ciel, et les étoiles brillaient du plus vif éclat, ce qui permit à Giboulot de préciser l’endroit où ils se trouvaient.