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UN DRÔLE DE VOYAGE

premier ordre, une voix de basse-taille, le fit tout à coup tressaillir. Elle criait :

« Qui vive ? Halte là ! »

Cette voix terrifiante semblait partir de la cime d’un arbre qui se trouvait tout près d’eux.

Giboulot dit tout bas à ses compagnons :

« Marchons plus vite, et pas un mot.

— Qui vive ? répéta la voix. Répondez vite ou je tire dans le tas. »

Nos trois amis n’en détalaient que plus rapidement, on le comprend.

Un coup de fusil partit alors, mais sans atteindre personne.

Au bruit de la détonation, Charlot, tout tremblant, s’était saisi du bras de Giboulot, dans lequel il incrustait ses ongles.

« Ah ! il me semble que j’ai entendu siffler la balle, dit-il.

— Moi aussi, dit Mimile.

— Taisez-vous, car nous approchons, je le vois, des lignes gardées par Mange-tout-cru. »

Au bout d’un nouveau quart d’heure, nos amis, qui ne s’étaient point arrêtés une seconde, éprouvèrent le besoin de se reposer.

« C’est dur tout de même de marcher toujours comme ça, dit Charlot.

— On s’y fait, répondit Mimile ; et puis le danger vous distrait.

— Deux ou trois mois de cette vie-là, et vous n’en voudrez plus d’autre, dit Giboulot.