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UN DRÔLE DE VOYAGE

— Je le crois bien, dit Mimile ; ce n’est pas très-rassurant, surtout si les chiens sont gros.

— Dame ! ça peut vous mordre très-fort… un gros chien… dit Charlot.

— Et puis, un chien peut se jeter sur vous juste au moment où l’on s’y attend le moins, ajouta Mimile.

— Bah ! bah ! riposta Giboulot, un chien n’a jamais avalé un homme à la première bouchée ; un coup de bâton sur la tête lui ôte tout de suite l’idée de passer à la seconde. L’important est de convenir d’un signal, dans le cas où nous nous trouverions séparés.

— Séparés ? répéta Charlot avec anxiété.

— Cela peut arriver dans une bagarre. Il faut tout prévoir et aviser au moyen de se réunir.

— Eh bien, nous pourrons imiter le chat pour nous appeler les uns les autres, dit Mimile.

— Moi, je saurais mieux imiter Polichinelle, dit Charlot en nasillant.

— C’est convenu, dit Giboulot, l’un imitera le chat, et l’autre Polichinelle ; moi, j’imiterai le cri des oies ; comme ça nous pourrons toujours nous entendre.

— C’est vrai, dit Mimile. J’imite le chat, on se dit : C’est Mimile qui appelle ; on entend le cri du Polichinelle, on se dit : C’est Charlot ; enfin, on entend le cri des oies, et on sait que c’est Giboulot. »

Après s’être ainsi concertés, à voix basse bien entendu, sur leur cri de ralliement, nos petits aventuriers redevinrent muets comme des poissons.

Mais, s’ils ne parlaient pas, ils n’en pensaient pas moins. Par exemple, Charlot, qui n’avait jamais tant