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à demain l’amérique.

« Chut ! dit vivement Giboulot, ce sont pour le coup les gardes de la forêt qui font leur ronde ; il faut entrer dans le fourré et faire les morts, car m’est avis qu’ils ne se gêneraient guère de nous demander ce que nous sommes venus chercher ici à pareille heure. »

Nos petits amis s’étaient à peine mis à l’écart, que la patrouille passa silencieusement comme une escouade de fantômes. Sa mission était de surprendre les braconniers en flagrant délit, pour les arrêter et les conduire en prison, et elle faisait son possible pour s’en acquitter en conscience.

« En avant ! marche ! reprit Giboulot, mais à mi-voix, dès qu’il se fut assuré que la patrouille était trop loin pour les entendre.

— Ce n’est décidément pas gai pendant la nuit, une forêt, remarqua encore Charlot.

— Ce n’est pas fini ; nous allons peut-être nous amuser tout à l’heure, répondit Mimile.

— Oui, c’est fort possible, » ajouta Giboulot.

Ils marchèrent longtemps sans se heurter à aucun obstacle. Seulement, depuis quelques minutes, on entendait par intervalles des aboiements lointains, semblables à ceux des chiens de garde qui se répondent au milieu de la nuit.

Nous devons approcher des lignes de Mange-tout-cru, dit Giboulot en faisant halte pour mieux écouter.

— Tu crois ?… demanda Charlot avec une vivacité qui n’était pas exempte d’inquiétude.

— J’en suis de plus en plus certain, répondit l’ex-gardeur d’oies, prêtant toujours l’oreille.