beau lui faire continuer la rose des vents, à laquelle il avait paru d’abord s’intéresser, il ne put y réussir.
Deux heures après, on rentrait à la maison.
Charlot ne se trouva pas plus tôt seul avec Mimile, dans la chambre qui leur était réservée, qu’il lui dit :
« Je sais maintenant où se trouve l’Amérique ; papa
me l’a fait voir du haut des buttes Montmartre ; ça paraît très-joli.
— Il fallait m’appeler, je l’aurais vue comme toi, répondit Mimile.
— Dame, elle a si peu l’air de t’intéresser, l’Amérique ! répliqua Charlot.
— Moi… mais si ! répliqua Mimile. Un pays où tous les fruits sont gros comme ma tête, même les cerises, ça m’irait joliment.
— Eh bien ! viens-y avec moi. Une fois arrivés, nous écrirons à nos parents pour qu’ils ne s’inquiètent pas de nous.
— Si l’on pouvait partir le matin et revenir le soir, je ne dis pas ; mais s’en aller pour trop longtemps, et ne plus voir ni papa, ni maman, ni Dorette, ni Louise, ça m’ennuierait trop.
— Cela m’ennuierait certainement beaucoup, moi aussi, répondit Charlot. Mais cela nous amuserait tant d’être ailleurs qu’au collège !
Bah ! le collége a du bon, dit Mimile ; les récréations, les jours de sortie… »
Charlot ne se donna pas la peine de répondre un mot à son ami Mimile. Pour la première fois, il commença à craindre qu’il ne devînt jamais un héros.