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découverte de l’amérique.

L’herbe, incessamment foulée, piétinée, n’est pas là d’une grande fraîcheur, ce qui n’empêcha pas Louise et Dorette de s’y asseoir aussitôt arrivées. Mimile, lui, se mit à faire de très-jolies culbutes pour le divertissement de sa petite sœur et de sa cousine.

Quant à Charlot, debout entre son père et son oncle, il ne daignait pas regarder la ville, qui n’était pour lui qu’une vaste fourmilière. Ses yeux avides contemplaient l’univers entier qui suffisait à peine à son regard.

« Tout de même, le monde est grand ! dit-il avec admiration à son père.

— Et encore n’en vois-tu qu’un bien petit morceau, répondit M. Thirion en se retournant. Nous irons voir le reste un jour ou l’autre quand tu seras grand, ajouta-t-il en s’apercevant de la déconvenue de son fils.

— Dis donc, papa, reprit tout à coup Charlot, de quel côté est l’Amérique ?

— L’Amérique !… c’est par là, répondit son père en indiquant le sud-ouest avec le bout de sa canne.

— Tout droit par là ?… poursuivit Charlot.

— Tout droit. Quant à l’Italie, si tu tiens à le savoir, elle se trouve plus à gauche, ajouta M. Thirion en désignant le sud-est.

— Ah ! » répondit Charlot, sans même tourner la tête.

Que lui importait l’Italie ? Maître Charlot ne s’en souciait guère. Ce n’était pas assez loin.

M. Thirion entraîna Charlot sur le versant opposé.

Mais là, le père eut beau vouloir attirer l’attention de monsieur son fils sur la situation géographique de l’Angleterre, de la Russie, de la Chine, etc. ; enfin il eut