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les gendarmes interloqués.

Comme toujours, les plus braves de la troupe étaient le plus à la portée des coups. À la première attaque, les trois plus enragés se roulaient dans la poussière. Les bâtons avaient fait miracle. À cette vue, la troupe tout entière s’enfuit en désordre.

« Poursuivons-les, sans relâche ! criait Mimile.

— Oui, oui, sans relâche ! » répétait Charlot.

C’était une vraie déroute. À chaque coup répondait un cri qui témoignait que son effet s’était produit.

Mais bientôt les cris se changèrent en clameurs. C’étaient de vrais hurlements de détresse que les vainqueurs ne s’expliquaient pas. Sûrs de la victoire, ils s’étaient arrêtés dans leur course.

« Saperlipopette ! dit Giboulot, il se passe quelque chose d’extraordinaire… Courons, courons, mes amis ! »

En effet, les petits bandits, affolés par la peur, n’avaient pas vu, dans leur fuite précipitée, une grande mare entièrement masquée par des herbes aquatiques, la mare aux cerfs, où ils avaient dû noyer le chien, cause première de toute la bagarre, et ils étaient tous tombés dedans.

Lorsque Mimile, Charlot et Giboulot arrivèrent au bord de la mare, toute la bande barbotait dans la vase où elle était enfoncée jusqu’à mi-corps.

« Ils ne savent pas seulement nager ! dit Charlot avec un suprême mépris.

— Au secours ! criaient les petits malheureux, qui à chaque instant s’enfonçaient davantage.

— Il n’y a pas un instant à perdre, dit Giboulot en s’emparant du couteau de Mimile, ils en auraient par-dessus la tête avant un quart d’heure. »