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les gendarmes interloqués.

geait, en guise de cannes, deux solides branches de houx qu’il destinait aux deux cousins.

« Un bâton, c’est bon à tout, leur disait-il, ça vaut mieux qu’un couteau, ça ne tue personne et ça vous débarrasse aussi bien d’un animal que d’un gars malfaisant, et le long de la route, ça égaie la main et ça aide à marcher. »

En un clin d’œil, il avait confectionné deux jolis gourdins à la taille de ses deux petits compagnons et leur en avait fait hommage en leur disant :

« Si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal. Si vous voulez m’en croire, ne vous séparez jamais de ces deux camarades-là. Couchez avec s’il le faut. »

Mimile et Charlot, enchantés, avaient remercié leur ami Giboulot de sa double intention, et il fut entendu qu’on allait passer au dessert : trois pommes que l’ex-gardeur d’oies avait tirées de sa poche.

Mais il était écrit que nos petits voyageurs n’auraient pas une minute de tranquillité, car ils avaient à peine mis les dents chacun dans sa pomme, qu’ils furent assaillis tout à coup par une grêle de pierres.

« Parions que ce sont les petits bandits qui reviennent à la charge ! s’écria Giboulot. Vite ! abritons-nous derrière les arbres, et n’oubliez pas vos bâtons. Mais cachez-les, n’en faites pas parade. »

Mimile et Charlot obéirent au commandement de Giboulot.

Grâce à cette précaution, les pierres recommencèrent à pleuvoir sans qu’il en résultât rien de fâcheux.

« Pour le coup, il faut nous servir de nos bâtons, dit