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les gendarmes interloqués.

plus furieux, et, comme ils se savaient de beaucoup supérieurs en nombre, ils recommençaient la lutte dans l’espoir d’être enfin les vainqueurs.

Il eût suffi à nos trois compagnons de se servir de leurs bâtons pour se tirer d’affaire ; mais ils n’en avaient pas l’idée, bien que leurs adversaires commissent la lâcheté de se battre quatre contre un.

Le combat aurait donc pu se terminer au profit des petits bandits, si le chien, sauvé par nos trois amis, ne se fût tout à coup mis de la partie en se ruant sur ses persécuteurs. Il les mordait si bien, l’un à la jambe, l’autre à la main, l’autre ailleurs, sans jamais les confondre avec ses libérateurs, qu’ils furent obligés de prendre la fuite, laissant plusieurs casquettes sur le champ de bataille.

Le chien, satisfait de sa vengeance, avait abandonné leur poursuite et était revenu, en jappant et en remuant la queue, lécher les mains de ses sauveurs.

Il se livrait à ce manège depuis un quart d’heure, courant de l’un à l’autre, quand tout à coup, jugeant sans doute qu’il avait suffisamment exprimé sa reconnaissance, il prit sa course en droite ligne pour retourner à ses affaires habituelles.

La conduite du chien avait été si courageuse, si intelligente, que nos petits amis le virent s’éloigner avec regret ; ils en eussent volontiers fait leur compagnon de route.

« Que c’est dommage ! s’était écrié Mimile en le voyant s’enfuir à toutes pattes ; s’il avait voulu rester avec nous, nous serions quatre. »

Charlot, ayant retrouvé un moment de loisir, avait tiré