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UN DRÔLE DE VOYAGE

— Bon, ça va se passer, dit Giboulot. L’important est d’avoir échappé aux ours et aux gendarmes.

— C’est égal, j’ai eu très-peur, quand un gendarme a parlé de monter dans l’arbre, dit naïvement Charlot.

— Aussi l’ai-je bien vite fait revenir sur sa dangereuse idée en l’appelant d’un autre côté.

— Comment, c’est toi qui ?…

— Parbleu !… dit Giboulot d’un air capable.

— Tu es donc ventriloque ? demanda Mimile.

— C’est un saltimbanque qui m’a appris ça, dit Giboulot ; ce n’est ni le maître d’école, ni M. le curé, bien sûr… Enfin, puisque pour une fois cela m’a servi à quelque chose, faut pas que je m’en repente.

— Cela doit tout de même être bien amusant d’être ventriloque, fit observer Mimile.

— Oui, mais cela fait joliment enrager les autres quand on s’en sert pour les faire aller, dit Charlot.

— Dis donc, Charlot, dit Mimile en tapant sur l’épaule de son cousin, ça devient drôle notre voyage. Ma foi, je ne me repens pas d’avoir voulu voir du pays.

— Tu ne penses donc jamais à ta maman, » lui dit à brûle-pourpoint l’ingrat Charlot.

Mimile fit un bond ; son regard flamboya. Charlot, stupéfait, crut que son cousin allait se jeter sur lui. Son poing était déjà levé. Mais un subit effort opéré sur lui-même lui fit vite retrouver son sang-froid, et il se contenta de lui répondre :

« Mes parents savent que je ne suis pas une heure de la journée sans penser à eux. Si tu n’avais pas… »

Il n’acheva pas sa phrase, et le gros Charlot, tout