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UN DRÔLE DE VOYAGE

— Vous avez dix fois raison, brigadier, répliqua Formose, qui alla se rasseoir avec les autres.

— Formose, reprit le brigadier après de mûres réflexions, la finesse d’un gendarme doit venir en aide à sa puissance ; je vous recommande donc d’être fin, le plus fin possible, dans toutes les circonstances où vous le jugerez nécessaire.

— La recommandation est excellente, brigadier, et je… »

Des cris surhumains, étranglés et entremêlés d’aboiements terribles, coupèrent la parole à Formose, et ce fut dommage, car il allait probablement dire de fort belles choses.

Tout ce vacarme paraissait venir d’une assez grande distance.

Les gendarmes s’étaient de nouveau levés comme un seul homme.

« Cette fois, reprit le brigadier, je crois qu’il se passe quelque chose de majeur et que notre présence est nécessaire là-bas. En route, compagnons, le devoir avant tout ! »

Les cris recommencèrent.

« Pas accéléré ! » cria le brigadier qui, malgré ses cors aux pieds et ses grosses bottes, se dirigea rapidement du côté d’où partaient les cris.

Les gendarmes étaient à peine hors de vue, que Giboulot sortit en quelque sorte de dessous terre. Le malicieux garçon s’était si bien aplati dans les broussailles à vingt pas des gendarmes, qu’il avait échappé à la vigilance de leurs regards. Doué d’un très-beau talent de ventriloque,