armés de longs bâtons, et qui débouchaient par le sentier.
« Vous n’auriez pas vu nos pensionnaires ? demanda l’un d’eux à Mimile.
— Quels pensionnaires ?
— Les ours savants du père Coquille, le montreur de bêtes ; ils se sont échappés ce matin de l’écurie où on les avait enfermés en attendant la foire du pays.
— Ils dansaient là il n’y a qu’un instant, répondit Mimile, mais les aboiements de vos chiens leur ont fait prendre la fuite. Ils se sont enfoncés dans les bois par ce sentier à droite.
— Ah ! les gredins ! nous ont-ils fait faire du chemin depuis ce matin. Heureusement qu’ils ne sont pas méchants et qu’ils s’étaient bourrés jusqu’à la gueule avant de partir ; sans cela, ils nous auraient fait de belle besogne. »
Cela dit, nos deux hommes sifflèrent leurs chiens et s’élancèrent sur la trace des fuyards.
L’aventure se terminait si heureusement et d’une manière si inattendue que Giboulot s’écria :
« En v’là une ! Je m’attendais pas ce matin à voir danser gratis aujourd’hui des ours savants.
— Et la représentation a été pour nous seuls, ajouta Mimile.
— Tout de même, reprit Giboulot, si les flèches de M. Charlot avaient été plus pointues, le premier ours, aurait été tué six fois pour une.
— Ça, c’est joliment vrai, dit Charlot, qui prit la plaisanterie au sérieux.