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UN DRÔLE DE VOYAGE

de rire qui parut encourager les ours dans leurs galants exercices.

La position de nos trois chercheurs d’aventures, si comique qu’elle leur parût, ne laissait pas que de les inquiéter au fond ; ils comprenaient qu’ils ne pouvaient rester bien longtemps en présence de pareils compagnons.

Se débarrasser d’un ours, c’était déjà une grosse affaire ; mais de deux, c’était, selon le mot de Giboulot, une bien autre paire de manches.

Cette réflexion les avait subitement rendus extrêmement sérieux, quand un troisième ours accourut pour se joindre aux deux autres.

Cette fois, ce n’était plus tolérable. La figure de Mimile et celle de Giboulot lui-même s’allongeaient visiblement.

Charlot n’était pas loin de défaillir.

Le troisième ours soufflait encore de la longue course qu’il venait probablement de faire, quand des clameurs d’hommes, des aboiements et des coups de fouet retentirent dans les environs.

À ce bruit qu’ils paraissaient connaître et redouter, les danseurs s’arrêtèrent brusquement, regardèrent le troisième ours qui eut l’air de les deviner, et tous trois détalèrent à travers bois, sans plus s’occuper de nos petits voyageurs que s’ils ne les avaient jamais vus.

« En voilà une histoire ! s’écria Mimile en les voyant s’éloigner.

— Je n’ai jamais vu sa pareille, » dit Giboulot.

Il s’arrêta court en apercevant deux hommes en blouse,