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essais de cuisine.

Comme on le suppose, la rumeur était grande parmi les habitants, qu’on n’avait pas l’habitude de déranger ainsi.

Mme Hubert, instruite une des dernières de ce qui se passait, et redoutant un scandale pour sa maison, aussi bien qu’un dérangement pour ses locataires qu’on avait pu voir la veille en plein village, avait pris sans balancer la résolution de les faire évader au plus vite.

Mimile et Charlot, très-effrayés de ce qu’elle était venue leur annoncer, s’étaient mis rapidement en état de continuer leur voyage, ou tout au moins d’échapper au sort qui leur était réservé par les gendarmes, lesquels ne sont pas dans l’usage de plaisanter.

Cependant Mme Hubert, excellente femme au fond, ne voulut pas que ses hôtes s’éloignassent sans avoir pris chacun un bouillon gras, qui leur parut ce qu’il y a de plus délectable au monde. Elle les munit encore d’un morceau de pain et de quelques pommes, pour qu’ils ne fussent pas exposés à mourir de faim.

« Au revoir, mes enfants, leur dit-elle ; je vais vous ouvrir la porte qui donne sur les champs. Une fois dehors, vous n’aurez qu’à suivre le mur que vous verrez à votre droite, et vous arriverez dans la forêt où vous pourrez vous cacher, en attendant que vous trouviez bon de continuer librement votre voyage ou de retourner dans vos familles, ce qui serait plus honorable et plus sûr que de vous y faire ramener par la force publique. Allez, mes enfants, et bon voyage.

— Mille remercîments, madame, de vos bontés, répondit Mimile.