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UN DRÔLE DE VOYAGE.

Malheureusement son adresse était loin d’égaler sa bonne volonté, ce qui obligea Mimile d’intervenir tout à coup en s’écriant :

« Pas comme ça ; fais donc attention, il ne faut pas écraser les œufs… Tiens, laisse-moi, que je te montre.

— Non, non ! Je vais faire attention. »

Et Charlot continua opérer absolument de même, ce qui finit par faire des œufs un agréable mélange mi-partie blanc mi-partie jaune, où des éclats de coquilles surnageaient en abondance.

Mimile ouvrait la bouche pour faire une remarque critique à ce sujet, quand une forte odeur de brûlé se répandit dans la cuisine.

« Nos côtelettes ! » s’écria-t-il.

Et il s’élança vers le fourneau ; mais il les retourna si vivement qu’il se brûla les doigts.

Charlot était rapproché de Mimile.

« Comme elles sont devenues noires ! dit-il d’un air désolé.

— Oh ! d’un côté seulement, dit Mimile, ce n’est rien ; mais je vais surveiller l’autre, afin qu’il soit mieux cuit. »

Charlot était déjà retourné à son omelette qu’il battait avec acharnement, quand une idée lumineuse surgit tout à coup dans son cerveau. Il se souvenait d’avoir mangé des omelettes aux confitures, dans sa famille, et il voulait en faire une au raisiné. Immédiatement, sans consulter Mimile, il avait mêlé la moitié de son raisiné aux œufs, et s’était remis à battre le tout ensemble.

L’incorrigible Mimile avait encore une fois quitté son fourneau pour examiner ce que faisait son camarade.