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un drôle de voyage.

— Ça, c’est vrai, dit Mimile en sautant à pieds joints sur une chaise.

— Quand on pense, poursuivit Charlot, que nous avons, moi plus de neuf ans, toi presque douze, et que nous ne sommes jamais sortis tout à fait de Paris, même pendant les vacances !

— C’est encore très-vrai, dit Mimile en faisant une culbute sur le lit de Charlot, nous ne savons pas ce que c’est que la campagne.

— Nos petits camarades vont tous à la campagne, aux bains de mer, en Suisse ou ailleurs.

— Tous ? pas tous ! Il y a Philippe qui est comme nous.

— Oui, Philippe, je ne dis pas.

— Et Auguste, et Guillaume, et Henri, et le grand Gaspard, et Jules lui-même… et bien d’autres qui passent leurs vacances au collége et sortent encore moins que nous, riposta Mimile, qui, pour le moment, s’occupait à attraper des mouches.

— Oui, mais chacun n’est pas fait de même. Moi, j’ai des dispositions pour voir des choses extraordinaires, pour rencontrer des serpents, des lions, des tigres, des éléphants, des ours et des oiseaux à grandes pattes rouges et à long bec.

— Eh bien, tu n’as qu’à aller au Jardin d’Acclimatation ou au Jardin des Plantes, » répliqua Mimile en tombant en garde comme pour faire de l’escrime.

M. Charlot fit une grimace peu flatteuse pour les bêtes de ces deux jardins.

« Des animaux toujours en retenue, toujours en pri-