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entrée en scène de giboulot.

obligés de travailler pour vivre, ou, ce qui serait pis, de mendier. »

Charlot ne répondit rien ; c’était son habitude lorsqu’il se sentait dans son tort. D’ailleurs, l’idée qu’il pourrait être obligé d’implorer la charité des passants, ses yeux s’étaient remplis de larmes.

Nos petits aventuriers n’étaient plus qu’à deux ou trois cents pas des premières maisons du village où ils se rendaient, quand ils aperçurent un paysan en train de faucher de la luzerne.

« Si nous lui demandions de nous indiquer une bonne auberge ? dit Mimile.

— Comme tu voudras, répondit Charlot.

— Monsieur… dit Mimile en s’avançant vers le paysan, son chapeau à la main.

— Quoi ? fit le paysan en toisant les deux voyageurs.

— Nous voudrions vous demander de vouloir bien être assez bon pour nous indiquer la meilleure auberge du village.

— Des auberges, répondit-il brutalement, ça n’est pas fait pour les vagabonds. »

Mimile et Charlot se regardèrent d’un air désappointé.

« En voilà un ours ! » dit Mimile.

Puis il ajouta, après avoir jeté un regard furieux au vieux paysan :

« Viens, Charlot. »

Ils marchèrent quelque temps en silence.

Au détour d’un bouquet d’arbres, ils entendirent un