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UN DRÔLE DE VOYAGE.

Et, n’ayant plus aucune inquiétude au sujet de son compagnon, il courut chercher sa montre, qu’il rapporta en la tenant, comme un étendard, devant lui.

Revenu à l’extrémité de l’arbre, il se laissa glisser dans la rivière, où il fit immédiatement la planche, tenant fort joyeusement sa perche à un mètre au-dessus de l’eau.

En quatre coups de jarret, il eut franchi la distance qui le séparait de Charlot.

L’occasion de se divertir un peu était si belle, que nos deux amis se mirent à danser pieds nus sur l’herbe, en plein soleil, ce qui leur permit de faire sécher leurs caleçons et de se sécher eux-mêmes.

Après ce dernier transport donné à la joie d’être enfin hors de leur île et d’avoir échappé à Mange-tout-cru, ils se rhabillèrent lestement.

« Où allons-nous ? demanda Charlot.

— Au village qui est devant nous, répondit Mimile, puisque c’est le seul moyen, pour le moment, de nous soustraire aux recherches des brigands.

— Qu’est-ce que nous ferons là ?

— Nous y attendrons que les chemins soient libres pour passer en Amérique.

— Ah ! dit Charlot, dont l’enthousiasme pour les voyages semblait s’être refroidi sensiblement depuis qu’il avait entendu la conversation de Mange-tout-cru.

— Nous y vivrons comme des bourgeois, reprit Mimile.

— Et manger ?

— Puisque nous avons emporté notre argent ! Tu vois que j’ai joliment fait de ne pas t’écouter ; nous serions