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UN DRÔLE DE VOYAGE.

— Je te dis que si. — Tu vois bien qu’il n’y a personne, reprit Mimile après avoir regardé de tous côtés.

— Je l’ai parfaitement entendu, » répliqua obstinément Charlot.

Mimile se contenta de hausser les épaules.

« Ce que j’ai vu, moi, bien vu, tout à fait vu, par exemple, c’est que Mange-tout-cru a placé des sentinelles de l’autre côté de la rivière, si bien qu’il ne va pas être facile de sortir de l’île sans être vu, à moins pourtant qu’il n’ait négligé d’en mettre derrière nous. Si nous allions nous en assurer, hein, Charlot ?

— Alors, allons-y tous deux et tout de suite, répondit vivement Charlot.

— Soit ! » répondit Mimile.

Ils quittèrent le fourré, sans plus de commentaires.

Le côté nord de l’île était bordé par un petit bras de rivière, navigable seulement pour de petits bateaux, par suite du grand nombre d’arbres échoués qui encombraient son lit… De plus, il était en certains endroits entièrement couvert de nénuphars et d’herbes marines.

« La singulière petite rivière s’écria Mimile qui, pas plus que Charlot, n’avait jamais rien vu de pareil.

— C’est un vrai jardin flottant, fit observer Charlot.

— Ce qui me plaît par-dessus tout, dit Mimile, c’est que Mange-tout-cru n’a pas jugé utile d’y placer des sentinelles.

— C’est bien heureux ! répondit Charlot.

— Quelle chance ! quelle chance ! s’écria de nouveau Mimile.

— Quoi donc ?