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UN DRÔLE DE VOYAGE.

La bande de Mange-tout-cru se composait d’un assez vilain monde.

Presque tous ceux qui en faisaient partie étaient vêtus de sales bourgerons, de pantalons en loques et chaussés de souliers éculés. Leurs casquettes graisseuses s’aplatissaient sur des cheveux incultes.

« Ils n’ont pas l’air de gens à leur aise, dit Charlot.

— S’ils étaient riches, dit Mimile, ils ne feraient peut-être pas un si vilain métier. »

Celui qui semblait les commander, était un grand sacripant affublé d’une manière d’uniforme dont les pièces dépareillées avaient appartenu à l’infanterie, à l’artillerie et même à la cavalerie.

Ainsi sa tête était coiffée d’un chapeau de gendarme, ses épaules revêtues d’une veste à petites basques et à boutons de cuivre, ses jambes couvertes d’un pantalon rouge, et il avait des bottes qui lui montaient plus haut que les genoux. Il portait à la main, en signe de commandement, un grand sabre nu à lame droite.

Le chef et sa bande formaient un ensemble qui faisait peur à voir.

Ils eurent à peine abordé dans l’île qu’ils se divisèrent en trois bandes de force égale.

La première prit à gauche, la seconde à droite ; la troisième, conduite par son chef, marcha tout droit au fourré où se tenaient cachés Charlot et son cousin Mimile.

Quelques minutes plus tard, ils se trouvèrent installés dans la salle de verdure située au centre de ce bouquet de bois.

Une chose à remarquer, c’est que l’homme singulier