nous arrive, car j’avais très-solidement, attaché le bateau à cet arbre.
— Que faire ? dit Charlot.
— Impossible maintenant de sortir d’ici, à moins de nous jeter à la nage, quand nous n’aurons plus rien à manger, et d’arriver avec nos habits ruisselants d’eau de l’autre côté ; cela ne serait pas commode pour nous remettre en route.
— Il viendra peut-être un bateau, dit Charlot.
— Ne comptons pas là-dessus. Ma foi, tant pis ! il faut tâcher de nous amuser quand même, ça ira tant que ça pourra. Être dans une île comme Robinson, c’était notre rêve, Charlot ! »
Mimile jeta son chapeau en l’air sur ces belles paroles.
Charlot se hâta de l’imiter.
Puis, comme le grand air et les émotions lui creusaient incessamment l’estomac, il reprit :
« Si nous mangions un peu de saucisson pour nous donner des forces et de la patience ?
— Mangeons du saucisson ! mangeons du beurre ! du chocolat !… »
Mimile s’était arrêté court ! et venait de pousser un cri.
— Qu’est-ce qu’il y a ? dit Charlot. Qu’est-ce qu’il y a, Mimile ? Tu m’as fait peur avec ton cri ! J’ai cru que tu avais aperçu un crocodile. »
Mimile restait bouche béante.
« Il y a, dit-il enfin, que nos provisions sont restées dans le bateau et que nous n’avons plus rien à manger.
— Plus rien à manger… » répéta lentement Charlot.