Page:Fath — Un drôle de voyage, 1878.pdf/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
dans une île.

frottait le cou et le visage avec toute l’énergie du désespoir.

« C’est terrible ! dit-il tout à coup en consultant de nouveau son miroir, plus je frotte et plus je suis noir.

— La poussière du charbon de terre est grasse, il faudrait du savon pour la délayer, et nous n’en avons pas. »

Charlot continuait à se frotter sans plus de succès avait sali ses trois mouchoirs sans arriver à se blanchir.

— Ce maudit noir ne s’en ira jamais ! s’écria-t-il en laissant tomber ses bras, découragés.

— Attends, dit Mimile, je vais essayer de le faire partir, moi. J’ai une idée… »

Ramassant alors un peu de terre glaise délayée, si commune au bord de l’eau, il ordonna à Charlot de fermer la bouche et les yeux, et se mit à lui en couvrir la face, la nuque et les yeux.

Le pauvre Charlot avait l’air d’avoir fait un plongeon dans la boue.

« Cela me dégoûte ! s’écria-t-il, ça me dégoûte trop.

— Tais-toi, ou tu vas en avaler, dit Mimile, qui, à son tour, frottait son cousin à tour de bras.

— Et puis aussi tu m’écorches, ça me cuit ! finit par dire Charlot.

— Patience, patience. Là, ça y est. Tu n’as plus qu’à te rincer. »

Charlot ne se le fit pas dire deux fois, et bientôt il se retrouvait avec sa couleur naturelle, un peu plus rouge seulement, par suite de la rude friction que Mimile lui avait fait subir.